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SAMUEL IVAHA, UN CRÉATIF HAPPÉ PAR LA PHOTOGRAPHIE ARGENTIQUE

La photographie argentique est une passion, un passe-temps, un exutoire, ou tout à la fois. Samuel Ivaha l'a bien compris, et en a fait son moteur créatif !

# Un PHOTOGRAPHE AUX MULTIPLES FACETTES

Pratiquer la photographie est une démarche propre et unique à chacun.

Samuel Ivaha est un photographe averti, passionné par le son, les arts créatifs et le monde de l’audiovisuel.

Dans un entretien qu’il nous a accordé au détour d’une de ses errances photographiques, il nous partage son histoire, son expérience et ses conseils.

# LA VIE DE CRÉATIF, UNE ACTIVITÉ À PLEIN TEMPS

Samuel Ivaha, 27 ans, fait de la photo depuis 2015. Né en Alsace, il déménage avec sa famille à Milhaud, pour finalement atterrir à Montpellier. “C’est là où j’ai mes repères” nous confie ce Montpelliérain de cœur.

Avant de commencer à travailler l’image, Samuel est avant tout “un vrai passionné du son”, qui travaille en tant qu’ingénieur du son dans l’audiovisuel.

Sous le pseudonyme de Somtales, il varie les plaisirs et les missions. Court et moyen-métrages, jingles publicitaires, ambiances sonores, il pratique au quotidien la vie de créatif.

Je travaille pour Adidas en ce moment par exemple. Je dois faire des petits jingles, pour des petits évènements ou des matchs de foot qui arrivent. Je dois créer un univers sonore pour accompagner l’évènement. Ça, c’est vraiment mon métier créatif. Sinon, en tant qu’ingénieur du son, je travaille pour France Télé, TF1 ou Quotidien par exemple.

C’est son père, musicien à la Réunion, qui lui donne cette passion pour la musique. “Il faisait des bals, à une époque où l’île était très festive. C’est donc naturellement que je me suis dirigé vers le son. C’est ma première passion, la plus intime, la plus travaillée. Mais c’est tout simplement parce que j’en fais depuis plus longtemps.”

Et d’ajouter : ”Ça m’a beaucoup aidé dans mon parcours artistique.”

# UNE IMMERSION PROGRESSIVE DANS LA PHOTOGRAPHIE

S’il a fait ses armes artistiquement grâce à la musique, Samuel Ivaha a su développer une autre passion, la photographie.

Lorsqu’il obtient son diplôme, ses parents lui offrent un Olympus EM-5 Mark II. Et c’est le déclic.

La première fois qu’il s’en sert vraiment, c’est lors d’un voyage familial à la Réunion. “Je documentais tout. J’ai toujours vu mon père faire ça, avec la photo. Il en faisait beaucoup. Et j’ai pris le relais naturellement, sans même y réfléchir. Pour moi, le travail photographique, c’est vraiment un travail d’expression.”

Ce voyage à la Réunion avec son premier appareil photo l’a beaucoup marqué. “J’étais comme un enfant en fait. J’étais avec mes parents, j’avais 22 ans, mais le fait d’avoir ce nouvel outil, ce nouveau jouet, c’était comme un noël avec ma famille.”

Il poursuit : “A chaque fois que je reviens sur ces photos, alors que je ne connaissais rien du tout à la technique, que je découvrais encore l’appareil photo […], je comprends pourquoi j’ai voulu continuer à faire de la photographie.”

“Ce voyage là m’a permis de m’ouvrir, de me dire “je peux m’exprimer avec la photographie”.

# DE LA DÉCOUVERTE À LA PASSION

“Grâce aux études que j’ai faites, j’ai pu rencontrer des gens – des amis maintenant -, qui m’ont beaucoup appris”.

“C’est un ami, Adrien Perea, qui m’a vraiment initié à la photographie. J’ai fait mes études avec lui. Un réel mentor. De le voir faire, ça m’a énormément appris”.

S’il commence avec son Olympus numérique, il nous explique s’être aussi “tout doucement dirigé vers la photographie argentique”.

“J’ai vraiment besoin de ce ressenti là au moment où je prends ma photo, de ne pas regarder. D’avoir du du recul dessus. Le fait de voir les imperfections, qui sont plus dures à faire en numérique.”

“C’est là où je me suis trouvé le plus en adéquation avec ma pratique. C’est devenu une pratique récurrente […], que je me permets quand j’ai du temps libre.” nous confie-t-il.

Il ajoute : “Je le fais vraiment pour développer une vision, travailler ce que je peux voir avec la photographie. C’est important d’essayer de faire de la photo. C’est une réelle thérapie. Tu peux être qui tu veux avec la photographie. Tu mets en avant ton point de vue, sans t’en rendre compte. J’encourage vraiment tout le monde à faire de la photographie, à s’exprimer par le point de vue et à le partager avec d’autres gens.”

# LA PHOTOGRAPHIE, UNE SOURCE DE BONHEUR QUOTIDIENNEE

Si chacun pratique la photographie à sa façon, Samuel Ivaha a trouvé sa propre voie, celle de la routine créative.

“J’aime avoir une routine créative. Pour éviter d’avoir le manque d’inspiration, de ne pas être capable de trouver des sujets créatifs.”

En sortant régulièrement prendre des photos, dans “une routine, qui [le] pousse, tout le temps”, ce jeune créatif aime pratiquer ces sorties, qu’il avait commencées à ses camarades de classe. Une manière de ne pas intellectualiser pas l’acte, et de faire de la photo, simplement.

“Dans le son, j’ai tellement un bagage technique que je ne m’autorise pas les erreurs ou les imperfections” avoue-t-il.

“Le fait de rater en photo, ça me fait moins de pression que dans le son. Rater, ça fait partie de tout apprentissage.”

“Le fait de rater en photo, ça me fait moins de pression que dans le son. Rater, ça fait partie de tout apprentissage.”

Côté matériel, son Olympus ne l’a toujours pas quitté, même “s’il a été tropicalisé, et qu’il n’a pas apprécié les épisodes cévenols” dit-il en blaguant

En argentique, c’est un Revueflex AC1 (une copie du Chinon CE-3 Memotron), qui l’accompagne au quotidien. “Je suis tout le temps avec mon Revueflex. En 55mm, ouverture en 1.7. J’aime bien cette optique car elle me permet d’être assez proche de mes sujets. Mon œil s’est travaillé sur du micro 4/3, donc j’ai l’habitude de ce ratio. Cela me pousse à travailler la géométrie et la lumière. Ça ne me dérange pas de perdre en profondeur.“

Il s’est aussi équipé d’un moyen-format, “en 6×6”, mais qu’il l’utilise “un peu moins”

Autodidacte et curieux, Samuel a aussi beaucoup exploré et expérimenté les pellicules à sa disposition. “Quand je choisis une pellicule, je sais pourquoi je la choisis aussi. Connaître ses limites, savoir comment on peut la retravailler, pouvoir exprimer une vision.”

“J’aime beaucoup la Pro Image100, plus que la Gold par exemple. J’aime énormément la Portra 800, davantage que la 400 d’ailleurs. J’adore son côté un peu moins contrasté, et cette polyvalence, avec une excellente marge de manœuvre.”

“La Fuji Xtra 400 aussi, pour les jours couverts à Montpellier.”

Il admet également apprécier la Cinestill 800T, même si “c’est plus une figure de style avec son style cinématographique”. Il nous explique : “J’adore cette pellicule pour la composition avec des points lumineux, des traits lumineux et là où la pellicule est incroyable.”

# MONTPELLIER VILLE DE COEUR

“Montpellier est une ville où il y a beaucoup de passages. Les gens restent deux, trois ans, pour les études ou le travail. Et après, ils repartent ailleurs. Montpellier, ça fait dix ans que j’y suis maintenant, et j’aime beaucoup cette énergie en fait.

Le matin, il erre dans les rues, à la rencontre des commerçants qui ouvrent leurs boutiques et montent leurs étals, et il leur tire le portrait.

“Comme beaucoup au début quand on commence la photographie de rue, on n’a pas cette facilité à entrer dans l’intimité des gens. Et en fait petit à petit tu te rapproches des gens. Et cela fait maintenant partie intégrante de mon travail en photographie de rue. Parler avec les gens.” explique-t-il.

Quand il fait de la photographie de rue, Samuel aime quand c’est “imprévisible”, mais il aime “prendre [son] temps aussi, pour faire des repérages, connaître la lumière”.

“Ce que j’aime dans la photographie de rue, c’est cette instantanéité, ce moment ponctuel que tu viens immortaliser, les souvenirs que tu peux échanger après avec les personnes.
Y’a des gens qui s’en fichent, qui continuent. Y’en a d’autres qui sont interpellés, avec qui tu échanges.”

Plus que des passants, ce sont des habitants qu’il cherche.

“Être un peu plus attentif à ce qu’on a en face de nous et regarder les particularités de chacun. Il faut apprendre à regarder ce qui nous entoure. Il y a plein de choses que l’on ne prend pas le temps de voir. Avec la street photography, c’est ça qui m’intéresse.”

Et de conclure : 

A chaque fois que je reviens à Montpellier, je me dis que c’est une ville qui bouge tout le monde. C’est infini

Ce que je trouve joli sur une photographie de rue, c’est la composition de l’image, le rapport à la couleur et à la lumière. […] Aujourd’hui, je suis plus attentif aux couleurs. A Montpellier, le soleil est tellement marqué qu’on ne peut passer à côté. Mon premier rapport ici, c’est celui avec la lumière.”

# LA CONSTRUCTION D’UNE VISION

« Avant, quand j’étais en numérique, j’étais dans la recherche artistique, pour voir ce qu’il me plaît, ne me plaît pas. »

Son compte Instagram reflète d’ailleurs cette période de recherche. » Je n’ai jamais été totalement réseaux sociaux. ça a donc été un moyen pour moi de me forcer à me dire “ok tu fais des photos. Qu’est-ce que tu veux dire là-dedans ? Qu’est-ce que tu veux exprimer ?”

En se baladant, il se rend compte qu’il est « témoin de ce qui se passe », et qu’à partir de ses visions, il peut se questionner sur ce qu’il a envie d’exprimer réellement.

“Quand je documentais beaucoup mon quotidien, j’aimais bien faire des petits albums photo. Là, ça fait peut être un an que je n’ai pas vraiment trié toutes mes photos pour les imprimer. J’ai envie d’ajouter un support musical à mes photos, plutôt que de laisser traîner la photo dans un dossier. Je reste convaincu que faire du numérique demande beaucoup plus d’organisation que l’argentique ! » conclue-t-il en souriant.

Nous espérons que cet échange avec Samuel Ivaha vous aura plu. Nous tenons en tout cas à le remercier pour le temps qu’il nous a accordé pour nous expliquer sa démarche artistique. Au fil des interviews, vous remarquerez qu’un point commun relie tous les photographes que nous rencontrons : il faut essayer et rater pour pratiquer !

N’hésitez pas à nous envoyer un petit message sur Instagram pour nous dire ce que vous avez pensé de cet interview.

On vous retrouve le mois prochain pour un nouvel article 😎

Samuel Ivaha

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